Benoît XVI
Une famille allemande


Luc Antonini

  

La nouvelle du renoncement de Benoît XVI en février dernier a fait l’effet d’un séisme. Jamais, depuis plusieurs siècles, l’Église catholique n’avait connu une telle remise en question. Retour sur son histoire personnelle.


Joseph Alois Ratzinger est né le 16 avril 1927 dans un village de Bavière près de Passau. Joseph Ratzinger n’a jamais oublié ce que fut le IIIe Reich. Son père était un gendarme catholique fervent, très conservateur, mais antinazi,comme bon nombre de croyants indignés du paganisme aryen martelé par le régime.
« Mon père vit très clairement que la victoire d’Hitler ne serait pas celle de l’Allemagne, mais celle d’un antéchrist annonciateur de temps apocalyptiques », explique ce cadet d’une famille de trois enfants. En 1939, à 12 ans, Joseph Alois Ratzinger entre au séminaire, ce qui ne le dispensera pas, deux ans plus tard, de l’adhésion obligatoire aux Jeunesses hitlériennes, comme près de 90% des jeunes de son âge. Puis il est mobilisé dans la DCA (défense antiaérienne), avant de passer à la Werhmacht sous la direction « d’idéologues fanatiques ». Ils font pression pour qu’il se porte volontaire pour la SS. Il rétorque qu’il veut être prêtre et se voit congédié avec insultes et moqueries.

 Profitant du chaos à l’approche des alliés, Ratzinger quitte l’uniforme et rentre chez lui, puis, identifié comme soldat, passe quelques mois dans un camp de prisonniers américain avant d’être libéré. Joseph Ratzinger n’a pas été nazi mais il a dû, comme des millions d’Allemands, servir le Reich. Cela, il ne l’a jamais oublié. Quelques années plus tard, il est ordonné prêtre. Il n’a pas la vocation pastorale. Sa passion, c’est l’étude : celle des théologiens et pères de l’Église, mais aussi de penseurs, tel le philosophe juif Martin Buber. La responsabilité allemande dans la Shoah l’a toujours hanté. Dans les années 70, Ratzinger participe à plein à l’aventure éditoriale de la revue Communio, avec des théologiens de renom tels Urs von Balthasar ou Henri de Lubac, afin d’affirmer une identité catholique plus forte dans la société et dans une Église en proie à la confusion. L’intelligence et la détermination du jeune Ratzinger plaisent en haut lieu. Sa carrière est rapide. Dès 1977, le pape Paul VI le nomme archevêque de Munich et la pourpre cardinalice lui est dès lors assurée. Puis, en 1981, Jean-Paul II l’appelle à ses côtés.
S’il est un philosophe et théologien qui le marqua plus que d’autres, ce fut saint Augustin. Pour sa lucidité sur les limites de l’homme et de la grâce que d’aucuns estiment être du pessimisme. Face aux scandales de pédophilie qui secouent l’Église, Joseph Ratzinger se refuse aux faciles théories du complot brandies par une bonne partie de la hiérarchie. « C’est seulement parce que le mal était dans l’Église que d’autres ont pu s’en servir contre elle », lançait-il il y a deux ans, bien décidé à porter le fer dans la plaie.
Depuis des années déjà, Benoît XVI sait et assume qu’être chrétien aujourd’hui, c’est être à contre-courant des modes du monde. « Dieu est très marginalisé. Dans la vie politique, il semble indécent d’en parler, comme s’il s’agissait d’une agression contre le non-croyant. […] Une société dont Dieu est absolument absent s’autodétruit », confiait le pape dans une interview peu avant son élection.
Après sept années de pontificat, Benoît XVI reconnaissait récemment : « Nous nous dirigeons aujourd’hui vers un christianisme de choix.»

LES ANCÊTRES DE BENOÎT XVI

1 - Joseph Alois Ratzinger, (Benoît XVI), né Marktl (D) le 16 avril 1927.
2 - Joseph Ratzinger, officier de gendarmerie, né à Rickering, (D) le 6 mars 1877, décédé à Traunstein (D) le 25 août 1959, marie à Pleiskirchen (D) le 9 Novembre 1920.


Patronymes étudiées: Ratzinger - Rieger- Schmid - Rieger - Tauber Peintner - Peintner

Généalogie Magazine328-329